La Fed gagnée par "l'incertitude considérable" de la présidence Trump

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La Banque centrale américaine (Fed) semble gagnée par l'"incertitude considérable" entourant le programme de Donald Trump, qui pourrait la contraindre à resserrer sa politique monétaire plus rapidement que prévu pour éviter une surchauffe de l'économie.

Publié mercredi, le compte-rendu de sa réunion des 13 et 14 mi-décembre montre la complexité accrue de sa tâche depuis la victoire du candidat populiste à la présidentielle américaine.

Le comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) avait alors décidé de relever son taux directeur pour la deuxième fois en dix ans, pour le porter dans une fourchette comprise entre 0,50 et 0,75%, au vu de l'amélioration de l'économie américaine.

Mais, d'après les minutes publiées mercredi, ses membres semblaient parallèlement douter de la marche à suivre dans les prochains mois, alors que le président Trump prendra possession du Bureau Ovale le 20 janvier.

Après avoir toujours défendu une approche "progressive", plusieurs d'entre eux reconnaissaient que la Fed pourrait être contrainte de relever ses taux plus vite que prévu pour s'adapter au mesures économiques que décidera le futur président américain.

Pendant sa campagne, M. Trump a notamment promis un vaste plan de relance budgétaire de plus de 500 milliards de dollars qui vise à rénover les infrastructures innovantes et pourrait avoir des répercussions sur les orientations monétaires de la Fed.

La Fed a plusieurs fois dans le passé plaidé pour une relance budgétaire afin de prendre le relais d'une politique monétaire utilisée à grande échelle pour soutenir la reprise, après la crise de 2008. Mais une telle orientation ne serait pas sans conséquences.

"Une politique budgétaire plus expansionniste pourrait porter la demande finale au-delà de niveaux soutenables, nécessitant potentiellement une politique monétaire plus restrictive qu'actuellement envisagée", indiquent les minutes.

En décembre, la Fed avait déjà revu à la hausse, de 2 à 3, le nombre de hausse de taux qu'elle envisageait cette année et pourrait donc aller au-delà.

- "Trop tôt" -

"Les minutes (...) montrent un Comité (de politique monétaire) aux prises avec l'incertitude", a résumé Krishna Guha, analyste chez Evercore ISI.

Donald Trump a également promis des baisses massives d'impôt sur les sociétés qui pourraient grever les finances publiques et requérir un recours accru à la dette, avec de potentielles implications monétaires.

Dans le même temps, la banque centrale reconnaît que le programme économique du prochain président américain reste flou, "compliquant encore davantage" la tâche de fixer des orientations de politique monétaire.

Les minutes relèvent ainsi l'"incertitude considérable sur le calendrier, l'ampleur et la nature de toute mesure budgétaire future" et la difficulté d'en mesurer les effets.

"Il est trop tôt pour savoir quels changements dans les politiques (économiques et budgétaires, ndlr) seront mis en oeuvre et comment ils affecteront les perspectives économiques", indiquent les minutes.

Un autre facteur pourrait inciter la Fed à resserrer plus vite que prévu sa politique monétaire: l'amélioration continue du marché du travail.

"Beaucoup" des membres du comité s'inquiètent ainsi que le taux de chômage, tombé à 4,6% en novembre, ne descende trop bas, au risque d'alimenter une forte hausse des salaires et une poussée incontrôlée de l'inflation.

Les membres de la Fed soulignent toutefois que ce risque reste encore lointain. Selon les dernières données disponibles, les prix à la consommation aux Etats-Unis ont augmenté de 1,4% sur un an en novembre, bien loin des 2% recherchés par la Fed.

Wall Street a réagi plutôt positivement aux minutes, grimpant après leur publication et s'affichant en hausse de 0,32% et le billet vert s'affaiblissant un peu à 1,0486 dollar pour un euro.