La première pilote africaine de long-courriers : « Chaque jour je dois prouver que je suis à la hauteur »

La première pilote africaine de long-courriers : « Chaque jour je dois prouver que je suis à la hauteur »

S’il y a une chose que la capitaine Irène Koki Mutungi adore, c’est la tête des passagers à l’atterrissage.

« Quand je leur dis au revoir, et qu’ils se rendent compte que la pilote de l’avion était une femme, alors ils ont tous des expressions incroyables ! Certains sont surpris, d’autres paniqués ou enthousiastes », s’amuse-t-elle

Cette Kényane de 42 ans, dont la moitié passée aux manettes des avions de Kenya Airways (KQ), ne laisse personne indifférent. Première Africaine à être promue capitaine de vols commerciaux au milieu des années 1990 et, depuis deux ans, première femme du continent à prendre les commandes d’un Boeing 787 long-courrier, Irène Koki Mutungi accumule les titres de gloire.

Icône de la compagnie

Rendez-vous est pris au quartier général de KQ, face aux pistes de l’aéroport international Jomo Kenyatta de Nairobi. En ce début d’après-midi, la savane alentour est balayée par le souffle des réacteurs de plus de 40 compagnies aériennes, décollant chaque jour du plus gros aéroport d’Afrique centrale et orientale.

Ici, « Koki » est une habituée. Pas « jet-lag » pour un sou, fines nattes coiffées en arrière, la capitaine salue et embrasse ses amis de toujours. Un peu comme à la maison.

« Mon père était lui aussi pilote. Il a même dirigé à une époque les opérations aériennes de Kenya Airways. Dès l’âge de 2 ans, j’avais déjà volé avec mon père à peu près partout dans le monde… et très souvent dans le cockpit ! »

Adolescente, la jeune Irène se rêve donc tout naturellement capitaine comme papa et, le lycée achevé, s’enrôle à l’école de pilotage installée à l’aérodrome Wilson de Nairobi. Une piste mythique, quasi centenaire, d’où s’élancent depuis toujours les petits coucous Cessna à safari, hélice fringante posée au bout du nez.

« J’étais la seule femme de l’école. Chaque jour, il fallait que je prouve que j’étais à la hauteur, que je pouvais faire aussi bien que les hommes. Tous les regards étaient sur moi, attendant de voir si j’y arriverai ou (...)

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