Italie: Matteo Renzi démissionne après un camouflet électoral

Italie: Matteo Renzi démissionne après un camouflet électoral

Le chef du gouvernement italien Matteo Renzi a annoncé tôt lundi matin sa démission après le rejet massif de "sa" réforme constitutionnelle par des électeurs qui ont préféré renvoyer chez lui l'homme qui avait promis de changer l'Italie au pas de charge.

"Mon expérience de chef de gouvernement s'arrête là", a sobrement résumé Matteo Renzi, 41 ans. "J'ai perdu, j'en prends toute la responsabilité", a-t-il ajouté en direct sur les chaînes de télévision italiennes.

Après un peu plus de 1.000 jours à la tête du pays, le plus jeune président du Conseil de l'histoire de la République remettra lundi sa démission au président italien Sergio Mattarella, à l'issue d'un conseil des ministres.

Chef de l'Etat discret et effacé, M. Mattarella est appelé à jouer un rôle crucial dans les jours qui viennent. Plusieurs partis, dont la Ligue du Nord, mouvement populiste et anti-euro, ont déjà réclamé des élections anticipées. Le mouvement Cinq Etoiles (M5S), populiste et anti-système, autre grand vainqueur de ce référendum, a lui aussi réclamé des élections au plus vite.

Au pouvoir à Rome et à Turin, le M5S ambitionne ouvertement de prendre le pouvoir. Selon des sondages, publiés avant le référendum, il est aujourd'hui le second mouvement politique en Italie derrière le Parti démocrate (PD, centre-gauche) de Matteo Renzi.

D'éventuelles élections anticipées ne pourront toutefois pas avoir lieu avant une réforme de la loi électorale en vigueur à la Chambre des députés.

Dès cette semaine, un gouvernement technique, comme l'Italie en a déjà connus plusieurs, devrait être rapidement nommé. Une de ses premières missions sera de s'assurer de l'adoption définitive du budget de l'Etat.

Plusieurs noms circulaient avant même le référendum pour prendre la tête de ce gouvernement, dont celui du ministre des Finances Pier Carlo Padoan, dans le souci de rassurer les marchés. Ces derniers, qui redoutent une nouvelle phase d'instabilité politique dans la troisième économie de la zone euro, pourraient se montrer nerveux lundi à l'ouverture en Europe.

L'euro fléchissait d'ailleurs déjà lundi face au dollar, tombant au plus bas depuis 20 mois dans les premiers échanges asiatiques après la victoire du non au référendum italien.

- 'Merci à tous' -

"De toutes façons, merci à tous. Vive l'Italie", avait réagi Matteo Renzi, peu après minuit sur Twitter, après la publication de sondages sorties des urnes, sans appel. Les premiers résultats partiels portant sur plus de la moitié des bureaux donnaient peu avant 01h00 (00h00 GMT) le non à 59,59% des voix.

Matteo Renzi était arrivé au pouvoir en février 2014 sur un programme de réformes tous azimuts et de "rottamazione", mise à la casse de la vieille classe politique de son pays. Mais en dépit d'une énergie que nul ne lui conteste, ce Toscan d'origine n'a jamais vraiment réussi à convaincre et encore moins à rassembler les Italiens, qui ont finalement choisi de le renvoyer "a casa", chez lui.

Le scrutin portait sur une réforme constitutionnelle prévoyant une réduction drastique des pouvoirs du Sénat, une limitation des prérogatives des régions et la suppression des provinces, l'équivalent des départements français.

Une large majorité de la classe politique, de la droite classique aux populistes du Mouvement 5 Etoiles (M5S) ou de la Ligue du Nord, en passant par tous les extrêmes et même des "frondeurs" de gauche du PD de M. Renzi, avait appelé à voter "non", dénonçant une trop forte concentration des pouvoirs dans les mains du chef du gouvernement.