Climat: "espoir" et appels à agir, face à l'incertitude américaine

Climat:

 Le chef de l'ONU a lancé un vibrant appel à renforcer la lutte contre le réchauffement climatique aux chefs d'Etat réunis mardi à Marrakech, mais aussi au futur président américain Donald Trump, dans tous les esprits depuis le début de la COP22.

Ban Ki-moon, qui assistait à sa 10e et dernière conférence sur le climat, a "appelé tous les pays à renforcer leurs ambitions" en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

"Nous n'avons pas le droit de jouer avec le sort des générations futures ou de mettre en péril la survie des autres espèces qui partagent notre planète", a-t-il martelé, en ouverture de la réunion des chefs d'Etat ou de gouvernement.

Le secrétaire général des Nations unies avait auparavant exprimé, devant la presse, son "espoir" que Donald Trump "comprenne l'urgence de l'action sur le climat".

Devant ses homologues, le président français François Hollande a appelé les Etats-Unis à "respecter les engagements" pris dans le cadre de l'accord de Paris scellé fin 2015.

"Ce n'est pas simplement leur devoir, c'est leur intérêt, celui de la population américaine", a-t-il dit à la tribune, très applaudi, sous le regard de Laurent Fabius, l'ancien ministre des Affaires étrangères, qui présida la COP21 dans la capitale française.

Quelque 80 chefs d'Etat ou de gouvernement avaient fait le déplacement mardi à la 22e conférence sur le climat de l'ONU, une semaine après l'élection du très climato-sceptique Donald Trump.

Parmi eux, la présidente chilienne Michelle Bachelet, les émirs du Koweit et du Qatar et de nombreux Africains, accueillis par M. Ban et par le roi du Maroc Mohammed VI.

Le réchauffement est "le plus grand défi de notre temps et nous attendons que les Etats-Unis continuent à conduire" ce combat, a exhorté Taneti Maamau, président de Kiribati, archipel du Pacifique menacé par l'élévation des océans.

"Nous sommes à un carrefour et nous ne pouvons revenir en arrière", a prévenu le président des Seychelles, Danny Rollen Faure: "le changement climatique affecte tout le monde, de Marrakech à Miami, de Port Victoria à Paris".

- 'zone de danger' -

Mercredi, le secrétaire d'Etat américain John Kerry prononcera un "discours soulignant l'urgence de l'action climatique", selon son entourage.

Donald Trump, qui pendant sa campagne avait qualifié le réchauffement de "canular" et de complot chinois, puis promis d'"annuler" l'accord de Paris et de relancer la production américaine de charbon, n'a encore rien dit sur ce thème depuis son élection.

Son élection surprise, au deuxième jour de la COP22, a plongé dans la stupeur ses participants, qui attendent de voir ce que le républicain compte faire.

Pour le moment, 110 Etats, dont les Etats-Unis, la Chine, l'Union européenne, l'Inde et le Japon, ont ratifié l'accord qui a vu la communauté internationale s'engager à réduire ses émissions de GES (issues pour l'essentiel des énergies fossiles : gaz, pétrole, charbon).

Une dizaine, dont l'Australie, l'ont fait depuis la désignation de Donald Trump.

Parmi les grands émetteurs, la Russie manque encore à l'appel.

La communauté internationale s'est engagée à contenir "bien en deçà de 2°C" la hausse du réchauffement, susceptible, au-delà, de générer des degâts irréversibles sur les hommes et les écosystèmes.

Mais les engagements actuels, pris par les Etats, "ne nous sortent pas de la zone de danger", a souligné M. Ban.

Pour cela, les "émissions mondiales devront atteindre leur pic d'ici à 2020, puis décliner rapidement", a-t-il rappelé, appelant notamment à "l'élimination des subventions aux énergies fossiles pour accélérer la transition vers des énergies propres".