Brésil: les députés votent pour un gel des dépenses budgétaires pendant 20 ans

Brésil: les députés votent pour un gel des dépenses budgétaires pendant 20 ans

Les députés brésiliens ont adopté lundi en première lecture un projet polémique de gel des dépenses publiques pendant 20 ans, mesure phare du programme de redressement économique du nouveau président de centre-droit Michel Temer.

Le géant émergent d'Amérique latine en pleine récession entérine ainsi son virage vers une purge d'austérité libérale, après 13 ans de gouvernements de gauche du Parti des travailleurs (PT) interrompus par la destitution de la présidente Dilma Rousseff pour maquillages des comptes publics, le 31 août par le Sénat.

Le projet d'amendement à la Constitution (PEC) présenté par le gouvernement Temer a été approuvé par une écrasante majorité de 366 députés sur 480 députés présents, nettement supérieure aux 3/5 requis (308 votes). Cent onze députés ont voté contre et deux se sont abstenus.

Le texte élaboré par le ministre des Finances Henrique Mereilles devra encore effectuer des navettes entre le Congrès des députés et le Sénat pour être adopté définitivement, probablement d'ici la fin de l'année.

Fortement critiqué par l'opposition de gauche, il vise à imposer pendant 20 ans un plafond aux dépenses publiques de l'Etat fédéral brésilien, qui ne pourront pas croître globalement au-delà de l'inflation annuelle, y compris pour l'éducation et la santé.

Les députés de gauche ont ferraillé en vain contre cette réforme qui va selon eux aggraver dramatiquement la situation déjà précaire de ces secteurs publics primordiaux pour la population, en particulier les plus pauvres.

"Aucun pays sérieux ne s'est lié les mains en congelant les dépenses publiques pendant 20 ans. C'est toute une génération qui va en souffrir", a fustigé l'un d'eux.

L'amplitude de ce vote en première lecture constitue une importante victoire pour l'ancien vice-président Temer, qui va diriger le Brésil jusqu'aux prochaines élections présidentielle et législatives de fin 2018.

- 'Priorité' -

Presque aussi impopulaire que Mme Rousseff, mais conforté par la déroute du PT de Mme Rousseff et de l'ex-président Lula au 1er tour des élections municipales du 2 octobre, M. Temer a érigé cette mesure en "priorité" économique de son gouvernement.

"L'approbation de la PEC est fondamentale pour éviter la spirale inflationniste et la récession. La dette pourra atteindre 100% du PIB en 2024 ou même avant" et ce serait "la faillite de l'Etat brésilien", avait-il mis en garde fin septembre.

Il avait ajouté "ne pas craindre d'être impopulaire", estimant que la PEC "contribuera à relancer une croissance économique durable et évitera une hausse des impôts".

Selon le ministère des Finances, de 1991 à 2015, les dépenses primaires de l'Etat (avant le paiement des intérêts de la dette) sont passées de 10,8% à 19,5% du PIB. La dette publique est passée de 52% du PIB en 2013 à plus de 70% en août.

Le Brésil est confronté à sa pire récession en un siècle. Son Produit intérieur brut (PIB) s'est contracté de 3,8% en 2015 et devrait encore chuter de 3% en 2016.

- Soutien du FMI -

Le chômage a presque doublé pendant la même période, frappant désormais 12 millions de Brésiliens, soit plus de 11% de la population active.

Michel Temer n'a pas ménagé ses efforts pour s'assurer d'une large majorité au parlement autour de cette mesure. Ce weekend, il a invité à dîner plus de 200 députés au palais présidentiel pour les convaincre.