Le Canada et la Chine scellent leur rapprochement par le libre-échange

Le Canada et la Chine scellent leur rapprochement par le libre-échange

Après une décennie glaciale, le Canada et la Chine ont scellé jeudi leur rapprochement en annonçant leur volonté de lier leurs économies par un accord de libre-échange et en instituant un sommet annuel des Premiers ministres.

A contrario de l'attitude hostile de son prédécesseur conservateur, Justin Trudeau cherchait depuis un an et son arrivée à Ottawa à relancer les relations avec Pékin, avec qui selon lui, "il y a un énorme potentiel inexploité".

Le dirigeant libéral s'était rendu au début du mois en Chine, où une soixantaine d'accords commerciaux avaient alors été conclus, et son homologue, Li Keqiang, rend la politesse en visitant le Canada pendant trois jours.

"Nous avons décidé d'ouvrir les discussions exploratoires en vue d'un accord de libre-échange entre le Canada et la Chine" afin de doubler le commerce bilatéral d'ici 2025, a annoncé Justin Trudeau lors d'une conférence de presse commune.

Pour le Premier ministre chinois, "la Chine et le Canada ont des intérêts communs profonds et de bonnes relations". Le gouvernement chinois "se tient prêt à travailler avec le Canada pour explorer et étudier la manière d'oeuvrer ensemble à une zone de libre-échange".

La Chine est le deuxième partenaire commercial du Canada, derrière le voisin américain.

Rien qu'en 2015, les échanges Canada-Chine ont crû de 10%, à 86 milliards de dollars canadiens, et cette tendance devrait se maintenir à l'avenir avec l'ouverture du marché chinois à la viande de boeuf canadien. Les agriculteurs canadiens pourront par ailleurs exporter en Chine leur canola (colza OGM) dès 2020, a annoncé Li Keqiang.

"Nous vivons une époque qui voit beaucoup d'anxiété de part le monde et c'est pour cela que nous voulons accroître la prospérité de nos populations avec le libre-échange", a souligné M. Trudeau.

- Controverse sur l'extradition -

Le rapprochement Pékin-Ottawa est également d'ordre politique. Les dirigeants libéral et communiste ont ainsi convenu d'instituer des sommets annuels au niveau des chefs de gouvernement. Il en sera de même entre les ministres des Affaires étrangères chinois et canadien qui tiendront "un dialogue sur la sécurité et la règle de droit", a noté Li Keqiang. Il a également annoncé "un dialogue économique et financier de haut niveau".

Les deux gouvernements entendent également aboutir à terme à un accord d'extradition en dépit des vives critiques des partis d'opposition canadiens et des défenseurs des droits de l'homme sur le sort réservé aux individus renvoyés dans un pays où la peine de mort est en vigueur.

Li Keqiang a souligné jeudi qu'un tel traité "a été discuté par les deux pays depuis plusieurs années".

Un tel traité, a-t-il dit, "doit être basé sur les conditions des deux pays" et aussi sur les besoins mutuels. "Nous maintenons la peine de mort qui est cohérente avec notre fonctionnement interne et depuis des années la sentence de peine de mort a été très stricte", a réaffirmé avec force le Premier ministre chinois.

De son côté, Justin Trudeau a défendu que les discussions sur un traité d'extradition avec la Chine ne changeraient pas les règles tacites de ne pas extrader une personne qui serait passible de la peine capitale en Chine.

"Il sera très important que tout futur accord soit le reflet de nos principes et de nos valeurs" et comme c'est le cas pour les Etats-Unis, la justice canadienne n'accède pas aux demandes d'extradition quand une personne est passible de la peine capitale, a-t-il précisé.

Enfin, Justin Trudeau a réaffirmé "leur engagement mutuel à s'attaquer au changement climatique avec la mise en oeuvre complète de l'accord de Paris", conclu en décembre dernier à la COP21. La Chine a ratifié l'accord environnemental début septembre, le Canada devrait le faire cet automne.