"Le monde est en guerre", mais pas de religions, dit le pape

Le pape François a estimé mercredi que "le monde est en guerre", mais pas de religions, après une série d'attentats ces dernières semaines, et notamment l'assassinat du père Jacques Hamel mardi à Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime).

"Le mot que l'on répète souvent en ce moment est insécurité mais le véritable mot est guerre", a-t-il déclaré aux journalistes l'accompagnant vers la Pologne où il a atterri dans la journée pour entamer une visite de cinq jours.

Selon lui, les récentes attaques peuvent être vues comme une nouvelle guerre mondiale. "Nous ne devons pas avoir peur de dire la vérité. Le monde est en guerre parce qu'il a perdu la paix", a ajouté le souverain pontife.

Le pape François a repris son micro quinze minutes plus tard pour préciser qu'il ne parlait pas de guerre de religions.

"C'est une guerre d'intérêts. C'est une guerre pour les ressources naturelles. C'est une guerre pour la domination des peuples. C'est cette guerre", a-t-il expliqué, affirmant que toutes les religions souhaitent la paix.

Il a qualifié le père Jacques Hamel, égorgé par deux hommes se revendiquant de l'organisation Etat islamique mardi dans l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray, de "prêtre saint", qui était une innocente victime parmi tant d'autres.

Il a remercié les nombreuses personnes qui ont exprimé leurs condoléances après la mort de Jacques Hamel, et plus particulièrement le président François Hollande avec qui il s'est entretenu mardi.

L'attaque de Saint-Etienne-du-Rouvray a obscurci la venue du pape aux Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) organisées cette année à Cracovie, en Pologne. L'annonce de l'attaque a semé la consternation au rassemblement, un événement traditionnellement festif.

LE PAPE FUSTIGE LE GOUVERNEMENT

Peu après son arrivée à Cracovie, où a été déployé un important dispositif de sécurité, le pape François s'en est pris au gouvernement conservateur de la Pologne, critiquant à mi-mots ses positions hostiles à l'immigration.

Le paysage politique polonais a été bouleversé en octobre après des élections législatives marquées par une large victoire du parti Droit et Justice (PiS), dont les positions à la fois très à droite et l'eurosceptiques tranchent avec près d'une décennie de gouvernements plutôt modérés.

Tout mettant en avant ses racines chrétiennes, le gouvernement PiS est en désaccord avec le pape sur des dossiers tels que les réfugiés et l'environnement. Varsovie s'oppose également à la volonté de l'Union européenne de mettre en place des quotas obligatoires de relocation de migrants.

La Commission européenne a par ailleurs lancé en janvier une procédure formelle de surveillance du respect de l'état de droit en Pologne à la suite de réformes contestées adoptées par le gouvernement.

Dans un discours prononcé devant le président Andrzej Duda et le gouvernement dans l'enceinte du château de Wawel, l'un des sites historiques phares de Cracovie, le pape François a appelé à être disposé "à accueillir ceux qui fuient la guerre et la faim", ainsi qu'à une "solidarité avec ceux privés de leurs droits fondamentaux".

"Cela signifie qu'il faut faire tout ce qui est possible pour soulager les souffrances tout en travaillant sans relâche, avec sagesse et constance, pour la justice et la paix (...).

Le pape François se rendra dans deux jours dans l'ancien camp d'extermination nazi d'Auschwitz-Birkenau. Ses deux prédécesseurs, l'Allemand Benoît XVI et le Polonais Jean Paul II, se sont rendus eux aussi à Auschwitz au cours de leur pontificat.

Jean-Paul II, qui était polonais, jouit d'un véritable culte en Pologne, en raison notamment de son rôle dans l'opposition du pays au pouvoir communiste dans les années 1980. Dans les rues de Cracovie ce mercredi, il y avait plus de posters de Jean-Paul II que de François, un Argentin.