Donald Trump gracie plus de 1.500 assaillants du Capitole qualifiés "d'otages"

Un premier geste envers son camp. Comme il l'avait promis depuis plusieurs semaines, Donald Trump a signé lundi 20 janvier à la Maison Blanche le décret graciant plus de 1.500 participants à l'assaut du Capitole le 6 janvier 2021, profanation sans précédent du sanctuaire de la démocratie américaine.
Peu auparavant, le nouveau président américain avait annoncé qu'il exercerait son pouvoir de grâce dès le premier jour de son mandat, comme il l'avait promis au cours de sa campagne.
"C'est pour le 6 janvier, pour les otages, environ 1.500 personnes qui seront complètement graciées", a-t-il déclaré en signant le décret au Bureau ovale.
"Cette proclamation met fin à une grave injustice nationale infligée au peuple américain au cours des quatre dernières années et commence un processus de réconciliation nationale", selon le texte du décret publié par la Maison Blanche.
Cette grâce bénéficie à l'ensemble des personnes condamnées pour participation à l'assaut du Capitole, à l'exception de 14, dont la peine est commuée en période de prison déjà purgée.
Il s'agit de membres des mouvements d'extrême droite Oath Keepers et Proud Boys, dont le fondateur des Oath Keepers, Stewart Rhodes, condamné à 18 ans de prison.
"Ils ont ont été traités très injustement"
Tous les autres, y compris l'ancien chef des Proud Boys, Enrique Tarrio, condamné en septembre 2023 à 22 ans de prison, soit la plus lourde peine prononcée pour l'assaut contre le Capitole, reçoivent une grâce intégrale.
"Nous espérons qu'ils sortiront cette nuit", a précisé Donald Trump lors de la signature. Le décret annule également les poursuites encore en cours contre quelques centaines de personnes.
Les participants à l'assaut du Capitole "ont été traités très injustement", a-t-il réaffirmé. "Les juges ont été absolument impitoyables. Les procureurs aussi", a-t-il insisté.
Au contraire, l'ex-présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, présente au Capitole le 6 janvier 2021, s'est indignée contre une "insulte au système judiciaire" américain.
Elle a accusé dans un communiqué le président républicain de s'être ainsi rendu coupable "d'abandon et de trahison des policiers qui ont risqué leur vie pour arrêter une tentative de subversion du transfert de pouvoirs."
Commission d'enquête parlementaire
Donald Trump a régulièrement minimisé la gravité de l'assaut du 6 janvier 2021, décrivant cette date comme une "journée d'amour" et de "débordement d'affection" à son égard.
Ce jour-là, des centaines de ses partisans chauffés à blanc par ses accusations sans fondement de fraude électorale avaient pris d'assaut le Capitole, pour tenter d'y empêcher la certification de la victoire de son adversaire Joe Biden.
Depuis, quelque 1.600 personnes ont été arrêtées et inculpées, dont plus de 1.270 ont été condamnées. Les arrestations et les procès se sont poursuivis jusqu'à ces tout derniers jours.
Un résident de l'État de Virginie, près de Washington, Lewis Wayne Snoots, 59 ans, a ainsi été condamné vendredi à près de six ans de prison pour avoir agressé et résisté à des officiers de police.
Donald Trump n'a pas été directement inquiété par la justice pour ces événements, bien que la commission d'enquête parlementaire sur le 6 janvier 2021 ait recommandé en décembre 2022 des poursuites pénales à son encontre, notamment pour appel à la rébellion et complot contre les institutions américaines.
Afin d'éviter aux membres de cette commission des représailles de Donald Trump revenu à la Maison Blanche, Joe Biden a signé lui-même un décret de grâce présidentielle quelques heures avant de lui céder le pouvoir.
L'ancienne parlementaire républicaine Liz Cheney en bénéficiera, comme tous les élus et fonctionnaires ayant participé à la commission d'enquête sur l'assaut du Capitole, ainsi que les policiers ayant témoigné devant cette commission.